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Quotidiennement, tout comme la plupart de mes congénères inconnus ou amis, je reçois une foule d’informations par le biais de la radio ou de la télévision. La presse écrite également nous relate tous les matins en première page la somme des atrocités qui se sont déroulées la veille ou pendant que nous dormions, bien au chaud, à l’abri des canons et de la mitraille. Le regard que nous pouvons désormais jeter sur la totalité de la planète grâce aux moyens de communication nous pousse à de dures constatations. Personne ne peut rester indifférent à ce qui se passe autour de nous. A moins de vivre les yeux fermés et les oreilles bouchées, nous ne pouvons ne pas consommer la réalité du monde dans lequel nous tentons d’évoluer : conflits ethniques, religieux, pauvreté, guerres civiles, révolutions, attentats et représailles. Ces images sont tellement présentes qu’elles amoindrissent la perception que nous pourrions avoir des nouvelles plus « positives », souvent dépréciées par leur côté moins spectaculaire. Nonobstant l’horreur de ces faits internationaux qui hantent notre quotidien, il m’arrive de plus en plus fréquemment de me surprendre à trouver ces informations banales, ces images de désespoir et de malheurs trop fréquentes pour susciter en moi l’indignation. Heureusement, je suis conscient de cet état d’esprit provoqué par le flot incessant d’images du même type et je remets à sa place légitime dans mon échelle de valeurs ces faits de guerre et de violence, ces actes politiques qui privent de moyens essentiels de subsistance des populations entière, la corruption et la haine. ……

Et je retrouve en Ardennes des gens simples, certes modernes et conscients des évènements mondiaux qui construisent leur quotidien, mais dont le rythme de vie est bien loin de celui que l’on connaît dans notre belle capitale belge. Certaines de ces personnes ont, à leur insu, emplit ma jeunesse de valeurs vraies, simples, proches de la nature telle qu’elle s’offre à nous, sans tricheries …

Si l’actualité mondiale est tant faite de mauvaises nouvelles, si les attitudes politiques semblent tant manipulatrices et jouer de la vie des populations civiles et de surcroît innocentes, il en résulte en moi une dérangeante remise en question de la nature humaine, un mépris grandissant pour les questions politiques et nos gouvernants, ainsi que pour les réponses qui sont apportées par nos « élus », pour autant que ces membres d’une « diaspora » soit nos représentants légitimes … Oui, je veux être réactionnaire, pour ne jamais me laisser engluer dans une oisiveté intellectuelle bien trop confortable face aux horreurs du monde, face aux abjectes manipulations de ces gouvernements qui, parfois sous le couvert de la démocratie, fondent nos sociétés sur des matelas de malheurs ou d’injustices. Heureusement, portant mon attention sur les gens qui m’entourent ou que je fréquente, je me rends compte que je ne suis pas seul à penser de la sorte. Chacun réagit à sa manière, individuellement, préservant de la sorte des valeurs idéales de vie en société, essentielles pour que chacun puisse s’épanouir en sécurité.

Et j’aime me ressourcer dans notre belle Ardenne, havre de paix, de calme, de beauté et de luxuriante nature. Ce n’est certainement pas une fuite en avant que d’apprécier à sa juste valeur cette région voisine ! Nous vivons dans un tout petit pays où les distances, déjà si ridicules, s’effacent encore avec les moyens de déplacement de plus en plus démocratiques. Trop souvent nous oublions d’en profiter alors que nous avons là une véritable occasion de s’offrir une vision plus positive de notre terre …Pour bien apprécier les luxes qui nous sont offerts, sachons jouir complètement des choses simples qui sont à portée de la main !

Si les questions politiques sont en soi un vaste sujet de société ayant une incidence certaine sur notre vie au quotidien, il en va de même des questions écologiques. Le respect que nous avons pour la planète terre est, à l’heure actuelle, bien trop faible pour espérer pouvoir inverser le processus d’auto-destruction que nous avons entamé. L’éducation que certains parents ou professeurs (ou devrais-je dire «que le système» ?) donnent aux plus jeunes n’est que trop souvent liée à un processus de consommation qui nous est imposé très tôt et très facilement par les grandes industries. Nous sommes, dès la naissance, des acheteurs potentiels et notre éducation matérielle commence donc dès notre plus jeune âge. Tel est notre défi économique dominé par l’éternel souci de croissance. Qu’on ne se méprenne pas : je m’accommode tout à fait des plaisirs de consommations et j’en profite pleinement. Cependant, je suis persuadé que ce mode économique ne peux en aucun cas se dissocier d’une ferme et efficace éducation écologique. Nous oublions fréquemment que le plaisir bref que nous retirons d’un achat scelle à chaque fois un peu plus le sort de notre planète. Combien de fois ne vois-je pas les fenêtre de voiture qui me précèdent s’ouvrir pour jeter un kleenex, une canette vide, un sachet de chips … Quand ce n’est pas des sacs poubelles entiers au coin d’une rue, dans un fossé ou au détour d’un chemin. Avez-vous déjà bien observé les abords de nos autoroutes ? Qui sommes-nous pour accepter vivre dans une telle crasse, et surtout pour l’entretenir ainsi ! ? Où est passée notre plus élémentaire notion de civisme ?

Quand je passe du temps à cheval, au coeur de cette merveilleuse nature sauvage, je découvre que la plupart de mes comparses de randonnée prennent un réel plaisir à se mouvoir sur des chemins propres. Peut-être que vivre à la campagne développe plus la conscience écologique, ce respect minimal que chacun doit avoir pour son propre environnement ? Sans doute est-ce mon apport à l’idée de développement durable ? J’ai l’envie de faire partager cette notion de découverte respectueuse d’une région voisine, proche de nous, à peine une heure de Bruxelles. Les randonnées que je guide, je les veux instructives sans être moralisatrices. A la recherche d’un plaisir simple, aux côtés de gens simples …


Quoi de plus génial que de vivre aux pas des chevaux, le long du cours de la Lesse, rivière sauvage dont le lit traverse de merveilleuses vallées abruptes et verdoyantes. Un ami du sud de la France (Jean-Claude Pons) que je ne vois malheureusement pas suffisamment disait très justement qu’ « à cheval, nous avons une vision cinétique de la nature qui nous entoure ». Nous la voyons défiler, à un rythme continu, ni trop lent, ni trop rapide, empêchant toute lassitude tant les changements de paysages se font sans que l’on y prête attention. Cette recherche de diversité est un fil conducteur de mes itinéraires : lorsqu’on me demande de faire découvrir les vallées luxuriantes de la Haute Lesse, j’essaie toujours de ponctuer le temps passé dans les sous-bois par des passages offrant de belles perspectives sur les plaines, donnant de la sorte des sentiments forts d’espace et de liberté. Que ce soit sous la pluie ou sous le soleil, l’Ardenne se découvre avec respect et surtout humilité : ce n’est ni le sud de la France, ni les grands espaces d’Amérique mais une petite partie de Belgique sans prétentions, qui s’offre telle quelle à nos yeux. Ne soyons pas blasés mais sachons, au contraire, apprécier à sa juste valeur cette région voisine, notre patrie, gorgée d’histoire rurale, de contes et de légendes. L’Ardenne ne s’apprécie pas comme une toile magistrale, mais comme une somme de petites esquisses, de petits chefs d’oeuvre … Quoi de plus enivrant que d’observer dans la brume qui se lève au coeur de la forêt, traversant calmement le chemin sur lequel nos chevaux marchent à pas feutrés, les lignes parfaites d’un cerf majestueux. Quoi de plus amusant que de voir galoper une harde de biches … elles ne manqueront pas de s’arrêter pour observer ces étranges quadrupèdes qui avancent en file indienne avant de certainement recouper le chemin sur lequel on avance … le gibier à cette étrange manie de fuir en formant un arc de cercle !

C’est également avec un étrange plaisir que la cavalerie s’arrêtera sur l’insistance d’un de ses membres pour regarder deux sangliers qui, à quelques mètres de nous, observent avec une curiosité craintive notre groupe. Pour déambuler dans la forêt d’Ardenne, il faut avoir le don d’observation : traces de gibier sur le sol humide, sentiers et passages d’animaux à l’entrée des futaies, cingle plongeur perché sur son rocher au milieu du lit de la rivière, buse variable en vol plané au dessus des champs, furet ou hermine, blaireau ou chat sauvage… Il nous est même arrivé d’observer dans les bois de Porcheresse, pendant notre descente sur les bords de l’Our et peut-être échappés d’un parc de la Semois, trois bouquetins occupés à paître l’herbe grasse sous les bouleaux ! La nature que l’Ardenne nous offre est très certainement une des plus belles richesses de Wallonie, patrimoine naturel qu’il nous faudra pouvoir transmettre aux générations futures, telle quelle. Pour ce faire, mon intention est de guider les vrais amateurs de randonnées équestres au travers de ces grands espaces verts, en adéquation avec un mode de déplacement respectueux du site, de sa flore et de sa faune.



© 2002 Vincent Damseaux